Le 8 septembre 1978, des milliers d’étudiants se rassemblent sur la place Jaleh, à Téhéran. Ils protestent contre le pouvoir en place, le régime autoritaire du Shah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi et réclament son départ. L’armée ouvre le feu et tire à vue faisant de nombreuses victimes. Ce vendredi noir marque le paroxysme d’un mouvement de contestation qui agite le pays depuis huit mois.
En 1941, Mohammad Reza Pahlavi succède à son père, Reza Chah Pahlavi, à la tête du pays.
- « Je crois que j’ai une mission à accomplir »
Le nouveau monarque entend moderniser l’Iran pour en faire une puissance influente sur la scène internationale. En 1963 il met en place un vaste programme de réformes économiques et sociales. Les infrastructures se multiplient, les femmes s’émancipent et l’Iran s’occidentalise. C’est la révolution blanche.
Mais des voix ne tardent pas à s’élever contre le régime. Elles dénoncent les inégalités sociales de plus en plus profondes, la corruption qui ne cesse de progresser, les atteintes à la Constitution… et les affronts faits à l’Islam. Les fêtes démesurées organisées par le monarque achèvent d’exaspérer la population. Le Shah reste pourtant sourd à la colère du peuple et mène une politique de plus en plus autoritaire.
- « Je crois que je dois accomplir quelque chose »
En une décennie, le pays se transforme en une véritable dictature. Les prisons se remplissent et la savak - la police secrète - exerce une répression impitoyable. Pendant ce temps-là, l’Ayatollah Khomeini souffle sur les braises pour que la révolution éclate et que soit renversé celui qu’il appelle le « tyran ».
En 1964, l’Ayatollah Khomeini, chef religieux chiite iranien, est contraint à l’exil pour s’être dressé contre le régime du Shah. Depuis l’Irak, puis la France, il s’insurge contre l’occidentalisation de la société iranienne et prône l’instauration d’une République Islamique. Au travers de ses cassettes audio, largement diffusées, il s’impose très vite comme le guide de la révolution iranienne.
Le 7 janvier 1978, la publication par le gouvernement iranien d’une tribune contre ce leader charismatique met le feu aux poudres. La ville de Qom, première ville religieuse du pays, se soulève. Puis c’est la ville de Tabriz. C’est le début de la révolution iranienne. Les émeutes, de plus en plus massives, se multiplient et des attentats terroristes éclatent.
- « 401 corps auraient été retirés des décombres du cinéma incendié. Au total, 29 salles de spectacle ont été attaquées en Iran au cours des dix derniers jours ainsi qu’un certain nombre de restaurants. La police veille, l’inquiétude s’accroit, ainsi que la colère. »
Durant l’été - et le ramadan - des milliers de manifestants se rassemblent dans les rues de Téhéran. Parmi eux : des religieux, partisans d’une république islamique et des laïques, opposants politiques à un régime qui n’a plus rien d’une démocratie. Ils réclament le retour de Khomeini et le départ du Shah. Ce dernier amorce une politique d’ouverture mais les émeutes reprennent. La tension monte d’un cran et le Shah décrète la loi martiale. Le lendemain, Téhéran s’embrase. C’est le vendredi noir.
- « Voilà une situation qui demeure très grave donc dans la capitale iranienne, les émeutes ont commencé, vous le savez, il y a 8 mois dans d’autres villes, mais c’est la première fois qu’elles sont aussi violentes dans la capitale elle-même et bon nombre d’observateurs estime ce soir que le Shah d’Iran aurait perdu son trône aujourd’hui, si l’armée n’était pas intervenue avec autant de violence»
Après le vendredi noir, de vastes mouvements de grèves paralysent le pays. Le Shah nomme un nouveau premier ministre et tente de former un gouvernement d’union nationale. Mais la contestation demeure et la révolution se poursuit. De nouvelles émeutes, extrêmement violentes, éclatent dans la capitale.
- « Bonsoir et bien comme prévu hier soir, il n’y a plus d’énigme sur le départ du Shah d’Iran. Mais les choses ne se sont pas passées du tout comme prévu ce matin. Au lieu de tenir la conférence de presse qu’il avait annoncé, le Shah a fait en sorte que tous les journalistes soient éloignés de l’aéroport d’où il a pris la fuite.»
Le 1er février, après quinze années d’exil, l’ayatollah Khomeini est accueilli triomphalement sur le tarmak de l’aéroport de Téhéran. Deux mois plus tard, la république islamique est officiellement proclamée.