
Le 9 octobre 1981, la France abolit définitivement la peine de mort.
Portée par le ministre de la justice, Robert Badinter, avocat fervent abolitionniste, cette loi marque l'aboutissement d'un débat qui divise la France depuis deux siècles.
La France est alors l'un des derniers pays d'Europe occidentale à supprimer la peine capitale.
Le 10 mai 1981, à l'aube d'une nouvelle décennie, les français élisent un nouveau Président : François Mitterrand. C'est le grand retour de la gauche, après 23 années de droite au pouvoir. Mitterrand promet de réformer la société française en profondeur : augmentation du SMIC, retraite à soixante ans, création d'un impôt sur la fortune... abolition de la peine de mort.
Abolir la peine de mort. Depuis deux siècles, nombreuses sont les voix qui s'élèvent contre cette sentence glaciale.
Instaurée pendant la révolution française, elle devait abréger les souffrances et permettre l'égalité devant la mort.
Une peine inhumaine et barbare, mais surtout inutile, sans aucune incidence sur la courbe de la criminalité. Pourtant, l'opinion reste majoritairement en faveur de la peine capitale. Elle prône l'exemplarité : la mort pour les coupables. La guillotine demeure.
Dans les années 70, plusieurs affaires criminelles font frémir le pays et ralentissent encore davantage les mouvements abolitionnistes. Buffet, Ranucci, Carrein, Henry...Des noms qui remplissent d'effroi la tête et le coeur des français.
La haine et la peur anéantissent la raison, la foule réclame la mise à mort.
En 1976, l'affaire Patrick Henry, particulièrement odieuse et extrêmement médiatisée marque les esprits. Pourtant, malgré l'horreur et la haine, cette affaire sera décisive pour l'abolition de la peine capitale. Le 18 janvier 1977 s'ouvre le procès de Patrick Henry. Patrick Henry échappe à la guillotine et est condamné à perpétuité. Derrière cette décision qui suscite l'indignation populaire, le combat acharné d'un jeune avocat : Robert Badinter. Il transforme l'affaire Patrick Henry en procès contre la peine de mort et parvient à convaincre les douze jurés de ne pas faire exécuter le criminel.
A l'Assemblée nationale, le débat est relancé et de nouveaux amendement abolitionnistes sont présentés. Mais quelques mois plus tard, la guillotine frappe une dernière fois.
Il faudra attendre l'élection de François Mitterrand et son ministre de la justice Robert Badinter, pour que la peine capitale soit rayée du code pénal, malgré une opinion publique encore favorable à son maintien. Elle est alors remplacée par la prison à perpétuité.
La peine de mort est encore appliquée dans 56 pays. En 2017, on recensait 993 exécutions, auxquelles il faut ajouter celles classés secret d'Etat en Chine. Plusieurs milliers d'après Amnesty International...