Mais où nous emmène Anaïs pour son premier album studio ? Après son super essai du "Cheap chow", la chanteuse a lâché les chevaux.
Ce n’est plus une succession de chansons simplement rigolotes, mais un album à l’ampleur insoupçonnée. Son chant y est à l’aise et ses mélodies coulent comme des évidences. Ecoutez plutôt le gimmick du single "Peut-être une angine" qui est, comme son nom ne l’indique pas, une chanson d’amour. Car sur ce disque, Anaïs nous emmène sur la planète "Love" : « Je ne l’ai pas fait exprès. Mais je trouve ce disque terriblement positif », confesse-t-elle.
Mine de rien, Anaïs croit à l'amour, sauf qu’elle ne peut pas s’empêcher d’en rire un peu, passionnément, à la folie... Parce qu’une chanson, même d’amour, dans la voix d’Anaïs, ne peut que déraper : « Si je me moque, c’est tendrement. J’intègre le personnage et je ne juge pas », assure-t-elle. Avec tout de même, dans son écriture, un sens du détail et de la formule qui font mouche.
Anaïs a rencontré à San Francisco Dan The Automator, le producteur de Gorillaz. Véritable génie des manettes, Dan a concocté à la petite Française un son direct et subtil, acoustique et groove, folk et rock, épuré et riche, actuel et sixties… Avec tout ça, la voix d’Anaïs semble nous chanter à l’oreille.
Divergent : «Qui va, à partir d’un point commun ou voisin, en s’écartant vers des directions différentes». Le nouvel album d’Anaïs porte bien son nom. Car le truc d’Anaïs c’est de nous plonger dans ses personnages, aux histoires et aux styles complètement divergents. On passe d’une jam de jazz à Brooklyn dans «Why are you so mean» à du swinging 60’s dans «J’ai retrouvé mon mojo», on pleure comme si on était dans une comédie romantique américaine avec la pluvieuse ballade «And I hold my lamp», et on rigole au duo hystérique avec elle même, «Schizoprenia». Très pop, très soul, Anaïs se permet même quelques histoires en anglais ou dans les deux langues.
Je n'écris plus beaucoup sur la musique et tout ça, des chroniques de disque, je ne sais plus trop quoi dire. Donc quand Anaïs m'a appelé je je suis senti un peu emmerdé parce qu'elle m'a dit «je t'envoie le disque et si tu n'aimes pas, dis «non» y aura pas de problème». Mais même si ce genre de situation est toujours délicate (si je n'avais pas aimé le disque je me voyais difficilement la rappeler en lui disant «Eh bah pas de bol j'aime pas du tout du tout du tout». Mais j'ai écouté le disque et ça m'a réconforté pour deux raisons : d'abord, que je n'aurai pas à me mettre dans une telle situation parce que je trouve que son nouvel album est génial. Tellement que c'est la deuxième raison pour laquelle j'ai été réconforté (je ne vous avais pas précisé je n'étais pas au top moralement avant de commencer à l'écouter). Thomas VDB