Musique

Dowdelin

Membres du groupe
Olivya, Dawatile, Raph
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Biographie

Nomade et défricheur, Dowdelin explore un chemin où s’assemblent jazz créole, dancefloor électronique et percussions antillaises pour façonner un feeling Future Kréol unique.

L’Atlantique noir… Titre d’un ouvrage important de Paul Gilroy, sociologue anglais, théorisant le fait « qu’il existe une culture hybride, qui n’est ni africaine, ni américaine, ni caribéenne, ni britannique, mais tout cela à la fois : l’Atlantique noir. »
Un monde d’échanges culturels et d’incessants allers/retours, où la musique est centrale. Un univers d’emprunts multiples et réciproques qui, esthétiquement, colle à merveille à Dowdelin, trio lyonnais explorant l’afro-futurisme dans sa version créolisée, plongeant les traditions des Antilles françaises dans un grand bain de jouvence électronique réchauffé au jazz, comme peu l’ont fait jusqu’ici.

Nouvelle itération des aventures musicales de David Kiledjian alias Dawatile, musicien aguerri et producteur lyonnais, la formation Dowdelin est une fenêtre ouverte sur la musique créole d’aujourd’hui.

En éternel défricheur, David marque avec Dowdelin un nouveau chapitre dans son combat contre les catégories figées en musique, à l’image de ses projets (Armad & Cyme, Plaster Cats, Fowatile, HILA) et ses collaborations, notamment avec Tigran Hamasyan, prodige du piano jazz et dépositaire de l'héritage culturel arménien.


Feeling créole

Tout a débuté, ou pas tout à fait, quand la chanteuse Olivya contacte David Kiledjian, alors en pleine aventure Fowatile (projet de future funk mâtiné de hip-hop largement repéré des amateurs de groove 2.0). Ce n’est pas encore le moment et Dawatile doute alors de la pertinence d’un groupe aux influences soul en anglais, avec une chanteuse non anglophone… Mais le contact n’est pas rompu, et une année plus tard, une idée germe : et si Olivya chantait en créole, sa langue maternelle, elle qui est martiniquaise ? Banco. Tous deux enchaînent les heures scotchés à l’ordinateur, creusant les pistes, testant les gimmicks, explorant les trames, se saisissant d’un micro ou d’un instrument dès qu’une idée prend forme.
C’est ainsi que naît Dowdelin : à deux, dans l’échange permanent, dans la quête d’un feeling créole percuté par l’électronique.


De l’art de la mixologie

Chercher le bon dosage, telle est alors la quête. Trouver l’ingrédient surprise qui relèvera le goût, ou celui plus discret qui ne sera là que pour magnifier l’ensemble. En cocktail comme en musique, la méthode est la même.

Dowdelin illustre cet art du mélange : chercher la saveur ancestrale reconnaissable dans l’instant, la coupler avec une influence peu usitée, shaker le tout pour créer la texture qui fera la différence. On pense parfois à Max Cilla, le flûtiste, à Jacques Schwarz-Bart, le saxophoniste… mais aussi au travail du collectif Mawimbi sur les musiques africaines.

S’ancrant dans la bouillonnante scène afro-futuriste, confirmant le retour des influences caribéennes dans la pop française, Dowdelin devient trio quand David pense à un vieux compagnon de route qu’il n’a pas croisé depuis des lustres : Raphaël Philibert, poly-instrumentiste guadeloupéen omniprésent sur la scène jazz (tous deux avaient joué dans le même groupe de jazz caribéen), saxophoniste pour Sonny Troupé, mais également orfèvre des percussions afro-cubaines et joueur de Gwoka. Il vient se greffer sur le répertoire déjà ébauché : it’s a match !

Un grand orchestre, mais à trois

Dowdelin transcende l’exercice de style et les connivences avec deux multi-instrumentistes, qui par leur expérience, leur polyvalence et leur vision, ouvrent le champ des possibles à une chanteuse s’exprimant dans sa langue maternelle.

« Je savais qu’avec lui, si je lâchais la basse et les claviers et lui les percus, on aurait une section de cuivres tout en restant à trois » explique David. L’objectif est de rester souple. Tout est en place pour faire émerger ce son estampillé Dowdelin, aussi innovant qu’imprégné de l’air du temps. S’ensuivent les résidences (la Friche Lamartine, Projet Bizarre!), et les premiers concerts (Jazz à Vienne notamment) qui démontrent d’emblée la pertinence du projet.

Loin des rôles à tenir et des poncifs, le groupe remet au premier plan, les notions d’expression et de liberté dans la musique.

Olivya, chanteuse instinctive, affirme vite son aisance scénique et vocale, mêlant langueur et puissance dans son chant, l’une faisant écho aux influences jazz, l’autre faisant contrepoint à la production électronique de l’ensemble que Dawatile, réalisateur reconnu, façonne avec dextérité.

Dans ses chansons, Dowdelin aborde les thèmes propres aux cultures afro-caribéennes, dans un registre musical afro-américain et véhiculé en langue créole.
Une configuration linguistique et musicale rare, là où l’anglais prédomine dans l'interprétation de musique actuelle.


Slowdown », illustre à merveille l’imaginaire du projet Dowdelin : c’est un texte invitant à se retrouver, à se recentrer face à toutes les sollicitations du quotidien, tandis que Laissé Mwen, premier extrait de l'album, parle du refus des étiquettes que l’on voudrait mettre sur les gens comme sur la musique…
Un patchwork musical réussi, reflété par la pochette post-moderne aux références antillaises, comme par la scénographie du live, conçue en collaboration par Fred Durieu (développeur d’algorithmes dédiés à l’art, qui génèrent de l’image en temps réel) et Benjamin Vedrenne (également auteur de la scénographie « cube » de Étienne de Crécy).

Dowdelin : assurément, à suivre.

Discographie

2018 Carnaval Odyssey