C'est à Trappes, en banlieue parisienne, que naît le 25 décembre 1981, Laouni Mouhid. Ses parents avaient débarqué du Maroc, avec leurs 5 enfants, et ce premier enfant né en France était pour sa mère Fatima, un vrai don du ciel. Elle lui donne d’ailleurs un prénom rare qui signifie en arabe « celui qui aide ». Son père Ahmed, est menuisier, travaille dur pour nourrir ses 7 enfants au total. Toute la famille vit en musique parmi les instruments. De Jacques Brel, à Léo Ferré en passant par Brassens ou Otis Redding , bercé par les mélodies qu’écoutaient ses parents, et ses frères et sœurs le petit Laouni développait en grandissant , un sens aigu de la musicalité, une oreille, une voix, le sens des harmonies, et surtout une sensibilité à toute sorte de mélodies. À l'âge de huit ans, son père décide alors de l’inscrire au conservatoire de Trappes. Le jeune Laouni pratique le chant, le solfège, puis s’essaye au piano, au saxophone, à la batterie et c’est finalement la guitare qui emporte ses faveurs. Laouni connaît alors une éducation stricte entre école et conservatoire.
Et puis rien ne va plus à la maison. Le manque d’argent, les loyers en retard, les huissiers, le poussent à s’éloigner de sa famille. À onze ans sa dernière soeur quitte la maison laissant derrière elle son piano.
Le jeune Laouni perd alors tous ses repères se retrouvant seul avec son jeune frère Hakim et ses parents, n’ayant plus de modèles. Il se réfugie alors dans la musique, mais cette fois celle de sa génération : le rap. Il ne va plus à l’école, traine dans la rue... Il est rusé, curieux, ce qui lui vaut le surnom de "La Fouine" par les grands du quartier. Laouni apprend très vite les maux d’un monde en perte de repères, la vie va lui apporter son lot de malheurs. Laouni se fait engrainer, Laouni se perd... Les foyers, les tribunaux, les juges pour enfants deviennent alors son lot quotidien. À seize ans il connait donc pour la première fois la prison et jusqu’à vingt et un ans il y fera des allers-retours. La mission locale, le quartier disciplinaire, le frigo vide, les pleurs de sa mère, Laouni fume, boit, estimant alors n’avoir rien à perdre. Il n’a plus aucun repère. Baladé de foyers en maisons d’arrêt, il n’a plus que le rap auquel se raccrocher. Mais quel rap ? Le rap français, de NTM à La Cliqua en passant par 2Bal 2Neg, Pit Bacardi ou Time Bomb. Sa passion pour le rap français ne fait qu’accroître.
À vingt et un ans il sort de son dernier séjour en prison et reprend le droit chemin. Il va bientôt être père. Avec la naissance de sa fille qu’il appelle Fatima comme sa mère, tout s’éclaire alors pour lui et sa vie prend un sens. Il arrête définitivement de boire et de fumer. Il se met à rentrer dans la vie active, lui qui n’avait aucun bagage scolaire. Et puis deux grands de son quartier avec qui il grandit, Gouressy et Kibaki, croient si fort en lui qu’ils décident de produire eux-mêmes son premier maxi intitulé "J’avance". Ce premier disque leur permet alors de démarcher et La Fouine ayant gardé son surnom de quartier se retrouve vite sur des compilations et même sur la scène du Stade de France puisque c’est lui qui ouvrira la première édition d’Urban Peace le 21 septembre 2002.
En 2003, à force de travail et de persévérance, il décroche un contrat chez Sony Music ainsi qu’à la mairie de Trappes et devient médiateur dans les quartiers. Qui mieux que lui pouvait comprendre et aider les jeunes ?
A partir de 2004 il sortira chaque année un disque. Une première mix-tape "Planète Trappes volume 1" où il reprend des classiques de rap américains, un premier single "Le manque d’argent", un premier album en 2005 "Bourré au son", avec l’un des titres les plus joués en radio cette année là "Unité", une deuxième mix-tape en 2006 "Planète Trappes volume 2" et un deuxième album en 2007 "Aller-retour" avec les hits "Reste en chien", "Qui peut me stopper" et "Tombé pour elle". Le succès est au rendez vous mais sa vie s’assombrit à nouveau lorsqu’il perd sa maman juste avant la sortie de son deuxième album. Il écrit alors "Là-haut" un de ses textes les plus bouleversants dédié à sa mère.
La Fouine rappe, enchaîne les scènes, les tournées, voyage à travers le monde, le petit Laouni qui sommeille toujours en lui essaye de tenir le coup. Grâce à "Aller-retour" il fera le tour du monde, se forgera un nouveau public, connaîtra la célébrité, la gloire, les fans et les bains de foule. Ecorché vif, personne ne voit ses blessures... Il a la vie teintée. La Fouine écrit constamment et fidèle à sa promesse de sortir un disque par an, en février 2008 il sort la street-tape "Capitale du Crime" sur Banlieue Sale le label qu’il monte avec son frère Hakim aka Canardo et qui en compose l’intégralité des titres.
C’est fort de son expérience, trois street-albums, deux albums en major, des tournées, un concert magistral à guichet fermé à la Cigale en mars 2008, que Laouni se met à travailler sur son troisième album "Mes repères". Un album qui s’ancre dans la modernité musicale tout en réussissant le pari de faire des titres qui ne vieillissent pas grâce à des concepteurs musicaux de génie : Clément d’Anilmalsons, Street Fabulous, Tiery F., et surtout Canardo qui compose plus de la moitié de l’album.
Les deux frères se sont retrouvés sur ce disque, ont unis leur force et leur talent, se sont surpassés, comme pour conjurer le sort, les galères du passé. Une plume et une musicalité en constante évolution, La Fouine sur "Mes repères" se révèle comme un artiste complet, qui élargit son spectre musical et révèle enfin ses vraies inspirations.
"Nouveau Monde" est le titre du septième album solo de La Fouine qui sort en mars 2016.
Texte réactualisé le 1e8 avril 2016