A l'heure où tout s'emballe, où la musique ressemble à un torrent continuel et dévastateur dans lequel les artistes n’ont a priori d'autre choix pour survivre que d'accepter les cadences infernales, ceux qui prennent leur temps sont peut-être les derniers excentriques. Ou les pionniers d’une certaine sagesse 2.0.
Ainsi Pauline Croze aura attendu cinq ans pour donner une suite à "Un bruit qui court", préférant courir moins vite que le buzz et offrir à ses chansons la patience d'éclore dans l'harmonie plutôt que dans l'urgence.
Il aura donc fallu à Pauline Croze un peu de temps pour s'habituer à réécrire sur un mode moins sombre et heurté que celui qui fut le sien jusqu'ici, depuis un premier album qui portait son nom et pas mal des stigmates d'une mélancolie tenace et parfois dévorante.
Les goûts de Pauline débordent largement du cadre de la chanson ou de la pop, dérivant avec envie du côté du Mali et de la musique Mandingue, elle a voulu pour cette fois un décor plus urbain, moins bucolique, avec plus de syncopes et plus de puissance, des rythmiques plus prononcées dans son chant et dans le groove général de l’album.
Si Vincent Delerm lui a fait offrande du très beau "Dans la ville" qui ouvre l’album, si Ignatus a contribué à deux autres titres "Le Prix de l'Eden" et "Ma rétine", si enfin Antoine Massoni, lui a composé l'énergique "Quelle heure est-il ?", c'est d'abord à elle que reviennent les mérites les plus saillants de cet album.
Pauline Croze semble ainsi avoir trouvé son Eden de paix et d'allégresse. Le prix de l'attente était à l'évidence celui d'une belle et durable récompense.
Bossa Nova sort en 2016, est son 4ème album, elle reprend en français et en portugais, la plus sud-américaine des française revisite les grands standards brésiliens
(Texte réactualisé le 23 août 2016)